Le concept de la défense nationale s’est structuré à partir de la Troisième République avec l’affirmation du modèle du citoyen soldat à la fin du xixe siècle. Illustrée pendant les deux guerres mondiales par la résistance militaire en réponse aux menaces susceptibles d’intervenir au niveau des frontières du pays et dans l’espace aérien, la défense est dominée par une représentation spatiale associée à des zonages territoriaux et à des découpages sectoriels (terrestres, maritimes et aériens) ayant toujours court aujourd’hui, à ceci près que l’armée de l’Air est devenue armée de l’Air et de l’Espace. L’ordonnance du 7 janvier 1959 portant sur l’organisation générale de la défense nationale parachève son élaboration et lui consacre trois principes fondamentaux : la permanence dans le temps, la mobilisation contre toutes les formes d’agression et le caractère englobant de la protection des populations qui suppose un cœur de métier ouvert à des missions intérieures, environnementales, économiques… Le milieu des années 1990 pose le concept de « défense sans frontières » avec l’alliance européenne, tandis que le retour en force de la menace terroriste oblige à penser de nouvelles formes de sécurité moins militaro-centrées dans une guerre devenue pleinement informationnelle. Aujourd’hui zone d’intervention militaire de premier plan, le cyberespace élargit considérablement la nature des menaces et pose le défi de leur hiérarchisation avec une frontière de plus en plus ténue entre espionnage et attaque, sécurité intérieure et opérations extérieures, formation commune et spécialisation technique du soldat, étatisation et externalisation de la défense, ancrage territorial et mondialisation des systèmes d’armes et des relations diplomatiques… Dès lors, comment aborder la problématique régalienne de la défense dans un contexte général de déspécification de la guerre et de menaces globalisées …
https://www.cairn.info/revue-cites-2021-4-page-137.htm